Samba, Cyréna
                  Elle est venue in extremis illuminer les Jeux de l’équipe de France d’athlétisme. Cyréna Samba-Mayela est une superbe vice-championne olympique du 100 m haies.
Quelques instants plus tôt, Gabriel Tual, autre chance de médaille tricolore, venait de prendre la sixième place du 800 m. Il ne restait guère que Cyréna Samba-Mayela pour porter sur ses épaules les chances de l’athlétisme français dans ses Jeux à domicile et conjurer l’indigestion de médailles en chocolat enregistrée chez nos candidats crédibles au podium (Alice Finot, Clément Ducos, le relais 4x100 féminin…). Dix haies à franchir, un chrono à peine supérieur à 12 secondes à réaliser, pour égayer la France de l’athlé. L’avantage de Cyréna Samba-Mayela dans un moment aussi crucial, c’est qu’elle connaît ces altitudes – certes pas sur la scène olympique, mais tout de même… A 23 ans, son parcours affiche déjà des gages : un record personnel en 12’’31 qui lui offre la quatrième meilleure marque des engagées en finale, et surtout une certaine habitude de la gagne : championne du monde en salle du 60 m haies en 2022, encore vice-championne du monde en 2024, championne d’Europe du 100 m haies en 2024… Pas de doute, notre Française a déjà démontré être une athlète de grands championnats.
Le jour J, maintenant, celui qui surpasse tout ce qu’elle a déjà pu vivre (blessée, elle avait dû renoncer à Tokyo alors qu’elle avait accompli les minima) : elle jaillit idéalement des blocks – point fort chez elle –, franchit ses obstacles sans buter sur aucun et donc sans perdre de vitesse, ne se désunit pas passée la mi-course, ne se crispe pas dans son coude-à-coude avec Nadine Visser et, au bout de 12 secondes trente et des poussières, coupe la ligne en… Première ? Troisième position ? Difficile à dire. La médaille est évidente, la couleur du métal, moins. Il faut en passer par la photo-finish pour déterminer l’ordre du podium. Silence crispé dans le Stade de France. Le nom de Maia Russell, USA, s’affiche en premier, en 12’’33. Suspense encore le temps qu’apparaisse le nom suivant. Qu’il semble s’éterniser, cet instant d’attente. Et puis l’explosion : deuxième, Cyréna Samba-Mayela, en 12’’34.
Ces Jeux Olympiques ont été incroyables. Je n’ai même pas les mots, je suis encore toute pleine d’émotions. J’ai envie de pleurer. On l’a fait !
C’est fou ce que ça fait du bruit, un stade de 80 000 personnes qui hurle de joie ! Notre Française tombe en pleurs sur la piste, joliment consolée par la troisième, tenante du titre déchue, Jasmine Camacho-Quinn – dis-moi qui tu bats, je te dirais qui tu es ? Covidée juste avant les Jeux, vacillante en demies (dernier temps qualificatif), Cyréna honore pourtant magistralement le rendez-vous avec ce troisième podium international en 2024 en autant de compétitions disputées. Celui, là, forcément, est le plus beau de tous. Pour replacer dans un contexte plus large, c’est le plus beau métal jamais gagné par une Française sur 100 m haies, la première médaille dans la spécialité depuis le bronze de Patricia Girard à Atlanta (1996).
Je suis trop contente de cette médaille
« Franchement, ce n’est pas que je n’arrive pas à y croire, parce que j’ai tout préparé pour ça jusqu’à aujourd’hui, mais je suis tellement reconnaissante, réagissait-elle à chaud, mais ses esprits déjà repris. Ces Jeux Olympiques ont été incroyables. Je n’ai même pas les mots, je suis encore toute pleine d’émotions. J’ai envie de pleurer. On l’a fait ! On l’a fait. Je suis trop contente de cette médaille. Il y a eu le Covid dernièrement, à quel point ç’a été dur... Moi-même à un moment je n’ai plus cru en moi, je pensais que je n’allais jamais y arriver. Mais on l’a fait, moi et mon équipe, mes proches, mes partenaires... Merci à tous de m’avoir soutenue ! » La réciproque est vraie : ce samedi soir au Stade de France, c’est au moins autant elle qui a soutenu notre athlétisme national.
Crédit : CNOSF/KMSP